Stéphanie Gateau
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CEO & Fondatrice de Handiroad, serial entrepreneur
Le parcours de Stéphanie est fait de hauts et de bas. On lui a diagnostiqué une maladie neurodégénérative rare ainsi que le syndrome d’Asperger, et sa famille a eu du mal à accepter ses différences. Dans sa période la plus sombre, Stéphanie vivait dans un logement d’urgence et dépendait des banques alimentaires pour se nourrir. Cependant, malgré sa mobilité réduite et sa déficience auditive, cette maman célibataire de trois enfants a créé son cabinet de conseil en 2009 et s’est bâti une carrière florissante dans le domaine de la stratégie internationale. Il y a quatre ans, Stéphanie a lancé l’application Handiroad, suivie en 2019 d’Exportunity, deux initiatives primées qui lui ont valu d’être reconnue en tant que spécialiste de l’incubation et de la croissance à l’international. Elle s’emploie à améliorer la législation relative au handicap et les autorités françaises font régulièrement appel à son expertise.
À force de surmonter les pires difficultés, Stéphanie a acquis une rare faculté à transformer les coups de poing dans la figure en forces qui la remettent sur les rails et la poussent à avancer avec une rage de se battre encore plus forte. Toutes ces années pendant lesquelles elle a été ignorée et rejetée l’ont rendue résiliente et innovante. Cependant, sa qualité la plus admirable est peut-être son énergie positive et le sens de l’émerveillement qui émane d’elle. Stéphanie ne perd jamais une opportunité de souligner à quel point elle se sent chanceuse ; son histoire est une leçon de gratitude. Même si elle se heurte aux réalités quotidiennes de la maladie et à la perspective d’une dégradation de sa santé physique à courte échéance, Stéphanie sait à quel point la vie est précieuse et a conscience du pouvoir de l’esprit sur le corps.
Elle est allée jusqu’à nous remercier de manifester un intérêt pour son parcours et de lui offrir une opportunité de parler librement. Après des années de souffrance personnelle, Stéphanie s’est donnée pour mission d’aider celles et ceux qui sont dans une situation difficile et dont la timidité ou la honte les empêche encore de s’exprimer. « C’est grâce à des initiatives comme les portraits de diplômés emblématiques que des personnes comme moi peuvent trouver l’énergie et la motivation d’aller de l’avant. »
D’où venez-vous ?
J’ai la chance d’avoir grandi dans le 15e arrondissement de Paris, où la culture était accessible et visible à chaque coin de rue. Le siège de l’UNESCO, une organisation que j’admire depuis toute petite, se trouvait au bout de ma rue.
Quelles sont les valeurs que vos parents vous ont transmises ?
Franchement, ils étaient trop accaparés par leur travail pour s’investir activement dans notre éducation morale. Ils partaient du principe que mes deux frères et moi-même devions être indépendants et nous débrouiller. Dès un très jeune âge, nous nous baladions avec la clé de la porte d’entrée autour du cou. Ma mère dessinait des plans architecturaux ; elle était toujours submergée de travail. Mon père était architecte.
Vous êtes une entrepreneure en série hyper connectée. Avez-vous toujours été extravertie ?
Bien au contraire ! Quand j’étais jeune, ma déficience auditive était encore minime, mais j’étais toujours angoissée à l’idée de mal comprendre les autres, alors j’avais du mal à nouer des liens affectifs. Je me sentais si différente de tous les autres que je préférais rester dans ma bulle, où j’étais moins exposée. Ce n’est qu’à la trentaine, après avoir été diagnostiquée du syndrome d’Asperger, que j’ai mieux compris mon comportement.
Comment faisiez-vous pour vous adapter ?
J’avais du mal à établir des liens avec les enfants de mon entourage et j’étais bien plus à l’aise pour communiquer avec des personnes extérieures à mon cercle familial. Je m’entendais bien avec les personnes âgées et avec les personnes vulnérables, et le fait de vouloir comprendre leurs différences m’aidait à surmonter ma timidité. Par ailleurs, quand j’ai eu dix ou onze ans, j’ai demandé à mes parents de m’abonner au Courrier de l’UNESCO et au Monde Diplomatique. Ces publications m’ont donné à voir toute l’étendue des possibilités à travers une multitude d’histoires fascinantes et culturellement diversifiées.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre handicap ?
Je suis atteinte d’une maladie neurodégénérative qui touche les filles et les femmes de ma famille. Elle atteint la colonne vertébrale, le canal auditif, les os et les cartilages. J’ai du mal à respirer et je vais devoir subir toute une série d’interventions chirurgicales pour la reconstruction de mon visage. Je ne sais pas encore à quoi ressemblera le prochain, mais ça m’est égal ! Par chance, mon audition s’est détériorée graduellement, si bien que mon cerveau a eu le temps de mémoriser les sons. Ma voix est à peu près normale, même si je ne me rends pas toujours compte quand je crie… heureusement, mes enfants sont là pour me le rappeler !
Par chance une fois encore, mon syndrome d’Asperger à haut potentiel fait que j’apprends très vite. Mon cerveau utilise le contexte et les détails visuels pour m’aider à combler les lacunes quand je n’entends pas. Étonnamment, certains de mes handicaps compensent les autres.
Comment parliez-vous du handicap dans votre famille ?
Le handicap était un sujet complètement tabou, personne n’en parlait jamais. Ma mère avait honte de ses prothèses auditives, elle les cachait ; et ma tante, qui a subi 37 opérations du rachis, était considérée comme une source d’embarras pour notre famille. Mes grands-parents la cachaient quand ils recevaient.
À l’époque, nous ne savions pas que la maladie était héréditaire, alors mes parents n’ont pas fait le lien entre mes problèmes et ceux d’autres membres de la famille… ou peut-être qu’ils ne le voulaient pas. Enfant, je me sentais incapable de transgresser ce code du silence, alors je gardais pour moi mes douleurs, mes crises de paralysie et mon anxiété.
À quel moment un diagnostic précis a-t-il été posé ?
Quand j’ai eu 30 ans, j’ai demandé à ma tante en fauteuil roulant de l’accompagner chez le spécialiste qui la suivait. Ce praticien m’a annoncé sans ambages qu’il ne pouvait rien faire pour enrayer la progression de la maladie. « Vous finirez comme votre tante », m’a-t-il annoncé. Ç’a été un sacré coup dur, mais je dois admettre que les dizaines de consultants que j’ai rencontrés par la suite ont été aidants et compatissants. Certains ont même fini par pleurer de désespoir face à ma situation et à ce qui m’attendait.
La maladie génère beaucoup de douleurs physiques et émotionnelles. Je n’ai jamais eu honte de ma déficience auditive, mais je suis souvent contrariée de penser que je fais perdre du temps aux autres quand je leur demande de se répéter. Cela étant, le déclin de mes capacités motrices m’a embarquée dans un long cheminement vers l’acceptation et le renoncement. Avant, j’aimais danser et jouer au squash, deux activités que j’ai dû abandonner. Quand on commence à perdre son autonomie, ce n’est pas tant la fierté qui en prend un coup, mais la dignité.

D’où vous vient cette ouverture sur le monde ?
Le mari de ma grand-mère travaillait pour Air France, alors je suppose qu’elle aurait pu parcourir le monde gratuitement. Pourtant, elle ne sortait jamais de chez elle par crainte du manque d’accès. J’ai grandi entourée de personnes handicapées qui refusaient d’imaginer la possibilité de la joie. Je sais qu’un jour, je serai paralysée et, comme de nombreuses femmes de ma famille, je passerai peut-être les dernières années de ma vie clouée au lit, à regarder le plafond. Pour autant, j’ai volontairement décidé de découvrir le monde tant que je le peux encore et de tirer pleinement parti de mes années de mobilité.
À quoi aspiriez-vous lorsque vous étudiiez à Audencia ? Avez-vous tiré un trait sur certaines carrières en raison de votre handicap ?
J’avais deux ans de moins que les autres en arrivant à Audencia et je pensais dur comme fer que le monde m’appartenait. J’étais déjà déterminée à travailler dans la stratégie à l’international. Audencia s’est avérée une école idéale pour assouvir ma soif de connaissances et mes rêves tournés vers l’international.
Socialement, a contrario, j’ai essayé, mais je n’ai jamais réussi à acquérir les codes, alors je ne me suis pas intégrée et ça, c’était dur. Je n’avais pas besoin de fauteuil roulant à ce stade, mais je prenais discrètement appui sur les tables quand mes jambes flanchaient. Mon audition se détériorait et ma prise de notes était parcellaire, mais je n’ai jamais trouvé le courage de demander aux enseignants et aux étudiants de se répéter. J’étais une observatrice muette, coincée dans sa bulle. Mon incapacité à parler de mes problèmes ne faisait qu’aggraver mon isolement. Je me souviens encore clairement d’un des jours les plus traumatisants de ces années-là. Comme toujours, j’étais assise au premier rang et j’avais les yeux rivés sur l’enseignant pour pouvoir lire sur ses lèvres. Il a dû prendre mon attitude pour de l’insolence et devant tout le monde, il m’a demandé d’arrêter. Je me suis sentie mise à nue, j’étais couverte de honte, mais c’était entièrement ma faute, car je n’avais rien dit de mon état.
Quel a été le point de bascule qui vous a fait sortir de votre coquille ?
Je m’étais inscrite pour rencontrer des recruteurs à l’un des salons organisés par l’école et comme il me semblait important d’être transparente avec un employeur potentiel, pour une fois, j’ai trouvé le courage de parler de mes handicaps. La réponse a été cinglante : « Vous êtes jeune, vous voulez travailler dans le secteur très masculin de la stratégie et vous visez des postes à l’international ? Comment comptez-vous y arriver alors que vous avez du mal à vous déplacer et à comprendre les gens ?! À moins de changer de plan de carrière, je vous promets 25 ans de chômage. » Je l’ai reçu comme une énorme claque dans la figure, mais ça m’a aussi fortement motivée pour ne pas rester les bras ballants. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps jusqu’à ce que je réalise que je n’avais pas fait tout ce chemin pour rien. J’étais déterminée à être encore plus convaincante et à acquérir davantage de compétences et de connaissances.
Il y a encore des soirs où je pleure après une journée éreintante physiquement et émotionnellement. Mais l’idée de m’élever et de faire de mon mieux m’aide à aller de l’avant. Je ne peux pas me permettre de perdre du temps à attendre sans rien faire.
Est-ce que le début de votre carrière internationale a été à la hauteur de vos attentes ?
Je me suis éclatée ! Je venais de souffler ma 21e bougie quand la société d’informatique britannique pour laquelle je travaillais m’a envoyée au CES à Las Vegas, la Mecque de l’innovation technologique. Je n’avais jamais pris la parole devant un public, pas même à l’école, et me voilà sur une scène, devant 600 participants. Quand j’ai réalisé qu’aucun d’eux n’avait la moindre information sur moi, je me suis sentie très à l’aise, libérée et exaltée. Rapidement, j’ai pris davantage de responsabilités et de régions à gérer. Mon rôle consistait à aider de grandes entreprises étrangères à s’implanter sur le marché français et à s’y développer. Ma valeur ajoutée était de les accompagner sur le plan de la gestion interculturelle, d’aider leurs équipes mondiales à mettre le doigt sur les préjugés subconscients et d’améliorer l’harmonie au sein du groupe. La lutte contre les discriminations, à l’endroit des travailleurs en situation de handicap, des femmes dans la technologie ou des fondatrices d’entreprise, a toujours été un fil rouge dans ma carrière. Il est triste de constater que 30 ans plus tard, on se heurte encore aux mêmes problématiques.
Par la suite, j’ai intégré un grand cabinet de conseil, mais il n’y avait pas de direction participative et les clients ont fini par laisser moisir nos rapports stratégiques au fond d’un tiroir. J’ai compris que je devais placer les personnes au centre des stratégies et j’ai lancé mon propre cabinet de conseil pour l’international.
Comment faisiez-vous pour gérer la logistique de vos déplacements professionnels ?
Je voulais vraiment adopter ce mode de vie, mais j’ai dû me rendre à l’évidence que les déplacements m’épuisaient physiquement et émotionnellement. Les chauffeurs de taxi me déposaient à l’aéroport avec mon fauteuil roulant et s’attendaient probablement à ce que je porte ma valise entre les dents. Quand je me rendais à des salons professionnels, je perdais un temps monstre à essayer de trouver des portes que je pouvais ouvrir. Il m’arrivait souvent, après un voyage de six heures, de m’enregistrer dans un hôtel certifié PMR, uniquement pour me retrouver bloquée devant un ascenseur trop étroit pour mon fauteuil roulant. Il n’y avait pas de solution tout-en-un pour m’aider à planifier mes déplacements en fonction de mes besoins, c’était frustrant.
Est-ce que c’est ça qui vous a amenée à lancer Handiroad ?
Étonnamment, même si j’en faisais l’expérience directement, je n’ai pas tout de suite réalisé que j’étais prédestinée à travailler sur les problématiques liées au handicap. En fait, le déclic est venu de mon fils quand il avait cinq ans, un jour où il peinait à pousser mon fauteuil roulant sur les pavés. C’était physiquement difficile pour lui, il en avait marre et il a lancé : « Pourquoi ils ne font pas une application comme Waze pour les personnes handicapées ? »
J’ai pensé que l’idée était judicieuse, mais j’étais une mère célibataire affairée et j’avais déjà lancé un incubateur pour les start-ups intéressées par l’export. Cependant, quand j’ai interrogé mon entourage, les retours ont été massivement encourageants. Le concept répondrait à mes besoins personnels, ainsi qu’à ceux des 25 millions de personnes confrontées à des problèmes de mobilité en France ; des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, mais aussi les parents qui utilisent une poussette, par exemple… La période de confinement liée à la COVID-19 a ouvert les yeux du grand public sur le stress induit par le manque de mobilité. Cela affecte notre accès à l’emploi, à la santé, aux loisirs… J’ai compris que le concept était innovant sur le plan stratégique et qu’il me permettrait de canaliser ma passion pour l’égalité.
Pouvez-vous nous présenter Handiroad en deux mots ?
C’est une application conçue pour faciliter les déplacements des personnes à mobilité réduite et pour les rendre plus sûrs. Afin de la développer à grande échelle de façon économique, j’ai constitué une communauté d’utilisateurs et j’ai parié sur leur gentillesse. Les utilisateurs s’entraident en localisant et en signalant les obstacles physiques, ainsi que les comportements agressifs dont ils ont été victimes. Les quatre valeurs fondamentales sont la gentillesse, l’égalité, le pouvoir du partage et la joie. On a souvent tendance à sous-estimer la joie. Pourtant elle peut transformer une existence. Je le vérifie tous les jours, par exemple quand des grands-parents peuvent enfin voir leurs petits-enfants régulièrement.
La « conception universelle », une théorie qui veut que les outils soient construits par tous et pour tous, est un élément essentiel de ma proposition. Le slogan de mon entreprise était « rendre le monde accessible pour tous », qui renvoie à l’opportunité de s’ouvrir aux marchés internationaux. Ça fonctionnait aussi pour Handiroad, alors je l’ai conservé.

Qu’est-ce qui vous donne une raison d’être ?
Je ne vends pas du glamour. Je vends du handicap, de la souffrance et du stress. Pourtant, en agissant sur ces questions, j’ai le sentiment de pouvoir créer de l’espoir. C’est pour cette raison que je réponds toujours présente quand on me demande de parler en public. Personne n’a pipé mot à ma dernière intervention, mais le lendemain, j’ai reçu 6000 messages de personnes qui me disaient qu’elles m’avaient trouvée inspirante et trop intimidante pour être abordée. Je trouve ce dernier point plutôt déconcertant !
Vu de l’extérieur, il semble que notre société est devenue nettement plus tolérante, en particulier au travail. Quel est votre point de vue ?
Heureusement, le mot « handicap » n’est plus tabou dans le monde du travail, même si nous sommes encore dans une phase de sensibilisation. Il faut agir maintenant, parce que je vous assure qu’il y a encore beaucoup de discrimination — suffisamment pour remplir un livre, voire deux !
Quand une personne handicapée a la chance de trouver un travail, le poste est souvent démoralisant et mal adapté. Un jour, on m’a proposé un job de télémarketing pour vendre des contrats de téléphonie mobile… avec ma déficience auditive !
Par ailleurs, la violence à notre endroit au travail est encore très prégnante. Il y a dix jours, j’étais en réunion avec une personne qui n’était pas au fait de ma situation. Il m’arrive de rester debout, mais comme la réunion s’éternisait, quelqu’un qui me connaissait m’a approché une chaise, ajoutant à l’intention de la personne : « Elle est handicapée et ça peut être compliqué pour elle ». La personne a réagi en disant : « Quand on est une femme, et handicapée, on ne prend pas de poste à responsabilités, on reste à la maison ! » Des commentaires comme celui-là vous rabaissent à moins que rien, mais le pire, c’est que personne dans la salle n’a réagi. Parfois, ces remarques sont voulues comme des compliments. « Vous savez quoi ? Vous êtes très intelligente, en fait ! ».
Être handicapée et être une femme, c’est une double peine. Pour optimiser mes chances de lever des fonds, on m’a maintes fois conseillé de recruter un homme comme partenaire commercial, « et si possible, sans problème de mobilité » !
Quatre femmes sur cinq en situation de handicap sont victimes de violences dans leur vie quotidienne, qu’elles soient physiques, émotionnelles, sexuelles, financières ou professionnelles. Cette injustice me tient beaucoup à cœur. Alors vous voyez, gérer les attitudes des autres, c’est encore plus difficile que de vivre avec la maladie. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir m’appuyer émotionnellement sur un réseau de personnes solidaires, mais malgré ça, ça m’atteint parfois.
Quel message aimeriez-vous faire passer à la communauté Audencia ? Comment pouvons-nous être de meilleurs alliés ?
Tout d’abord, je veux encourager les étudiants qui se sentent différents à avoir le courage de s’exprimer. Vous serez étonné de constater que ça vous délestera d’un fardeau et que vos conversations seront nettement plus qualitatives. Sur un plan plus pratique, j’aimerais que le personnel enseignant ait conscience qu’avec la multiplication des événements en ligne, les sous-titres sont cruciaux. Aux diplômés qui recrutent, je dirais que quand vous recevez une candidature d’une personne en situation de handicap, considérez également son potentiel d’adaptabilité et d’innovation. Quand une nouvelle recrue demande à apporter des modifications spécifiques à son environnement et à son équipement de travail, souvenez-vous que ce n’est pas du caprice et qu’elle a des besoins bien réels.
Les personnels des Ressources humaines pourraient par exemple proposer des ateliers sur l’inclusion. J’en ai conçu un pour mes clients où tout le monde doit travailler avec un handicap pendant une journée (les yeux bandés, avec un casque réducteur de bruit, en fauteuil roulant, etc.). C’est un moyen très économique de sensibiliser, de promouvoir la gentillesse et de souder une équipe.
Quelle est la réalisation dont vous êtes la plus fière ?
C’est le genre de question que je ne me pose jamais, parce que je suis une éternelle insatisfaite. Cependant, il m’arrive parfois de regarder en arrière et de réaliser que je ne me suis pas si mal débrouillée dans certains domaines. Pendant le confinement, j’ai participé à un concours sur l’inclusion dans la technologie avec 114 000 fondatrices de projets issues de 180 pays. Le premier prix a été décerné à Microsoft et le deuxième à moi. Je n’ai jamais mis ce prix en avant dans mes communications, mais c’est une très grande victoire personnelle. Ça m’a ramenée à mon enfance, quand je rêvais des merveilles du monde et que je croyais que je ne pourrais jamais y accéder. Je suis fière d’avoir tracé un itinéraire cohérent et d’avoir bouclé la boucle.