Marie Françoise Marie-Nelly
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Directrice de la Banque mondiale pour l’Afrique australe
La vie de Marie Françoise Marie-Nelly est parsemée d’événements qui, a posteriori, pourraient sembler prémonitoires. À l’internat pour filles où elle étudiait, elle avait l’habitude de s’installer au balcon pour observer le soleil se coucher sur la baie de Fort-de-France, dans sa Martinique natale. Elle brûlait de savoir vers quels horizons les paquebots se dirigeaient et elle rêvait de destinations lointaines. Par la suite, elle a traversé l’océan Atlantique pour faire sa préparation post-bac au Lycée Clemenceau, à Nantes. Le premier jour, elle a remarqué une plaque commémorative sur laquelle étaient inscrits ces mots de l’homme d’État Georges Clemenceau : « Sans attendre l’avenir, la fortune de vos efforts, retroussez résolument vos manches et faites votre destinée. » Ce message l’a inspirée tout au long de sa carrière. En 1986, quand elle étudiait pour son mastère à la Bowling Green State University, dans l’Ohio, elle s’est rendu à Washington D.C. et est passée par hasard devant le Siège de la Banque mondiale. Dans un éclair de lucidité, elle a su en son for intérieur qu’elle travaillerait un jour pour cette institution.
Tout au long de sa vie, Marie Françoise s’est attachée à percevoir les signes et les opportunités qui se présentaient à elle et à y répondre pour les matérialiser, et ces signaux ont effectivement guidé ses motivations et ses objectifs les plus profonds. Sa clairvoyance, associée à un esprit vif et à un dévouement infatigable, ont probablement contribué à ses réussites et à l’amener au poste qu’elle occupe aujourd’hui. Sa devise, c’est que rien n’est impossible quand on y met de la volonté et une tonne de travail.
Aujourd’hui, à la tête d’une grande équipe, Marie Françoise dirige les interventions stratégiques et opérationnelles de la Banque mondiale en Afrique australe, notamment en Afrique du Sud, au Botswana, en Namibie, au Lesotho et en Eswatini, afin de trouver des solutions de développement innovantes et de mobiliser des fonds pour les mettre en œuvre. Ses faits d’armes sont impressionnants. Elle a par exemple restructuré et privatisé des entreprises publiques en Afrique de l’Ouest, libéralisé les secteurs du transport aérien et des télécoms sur l’ensemble du continent africain, défini l’approche de la Banque mondiale en matière d’intégration régionale pour l’Afrique subsaharienne, établi des projets d’infrastructure complexes, dirigé le projet d’oléoduc entre le Tchad et le Cameroun, et structuré les interventions de la Banque mondiale en soutien à la transition économique des pays du Maghreb.
Son engagement en faveur du développement tout au long de sa carrière lui a valu le respect de représentants des pouvoirs publics, des citoyens, de ses collègues et de ses amis partout où elle a travaillé. Que ce soit à travers ses responsabilités professionnelles en encourageant le progrès économique de nations en développement ou dans sa vie privée, elle a toujours été motivée par un désir de donner en retour et de construire un avenir meilleur. D’où lui viennent cet allant et cet optimisme indéfectible ? Ils sont ancrés dans les valeurs familiales fortes que ses parents lui ont transmises. Marie Françoise est également fermement convaincue que c’est en donnant à la jeunesse des opportunités justes pour libérer ses potentialités que des progrès seront obtenus à l’échelle de la planète. Partons à la rencontre d’une femme aux qualités humaines exemplaires, aussi à l’aise pour conseiller quelques-uns des dirigeants les plus puissants de ce monde que pour échanger avec les jeunes des quartiers.
Parlez-nous de votre enfance en Martinique
J’ai eu une enfance très heureuse dans une famille nombreuse et nous étions proches avec mes six frères et mes quatre sœurs. Ma mère a consacré sa vie à ses onze enfants et je ne l’ai pas entendue se plaindre une seule fois. Mon père jouait un rôle clé dans le secteur de l’agriculture. En tant que cadre à la Chambre d’agriculture, il a dirigé la mise en œuvre des réformes agraires qui ont permis aux fermiers d’accéder à la propriété de terres agricoles, de diversifier leurs cultures et d’améliorer leurs pratiques. Grâce à ce programme, la plupart des Martiniquais possèdent aujourd’hui des biens productifs qui n’existaient pas quand la Martinique était encore une colonie française.
Je me souviens avoir eu un sentiment de grande liberté dans mon enfance. Tout au long de l’année, nos vies étaient rythmées par le calendrier des événements culturels et des festivités religieuses. Nos parents nous ont inculqué le sens de la détermination, du dur labeur, de la compassion et de la quête d’excellence dans tout ce qu’on entreprenait. La foi catholique, la générosité et la solidarité faisaient partie des pierres angulaires de notre éducation. Curieusement, étant huitième dans la fratrie et entre deux garçons, j’ai développé un sens de la compétition dès le plus jeune âge.
Petite déjà, j’étais exigeante et j’endossais naturellement les rôles de meneuse. J’étais régulièrement choisie pour être déléguée de ma classe et j’ai adoré être scout. Sans pour autant savoir exactement quel métier je rêvais de faire, je savais que je voulais occuper un rôle important requérant du leadership. Je savais également que je ne voulais pas assumer de fonction dirigeante pour faire avancer ma carrière, mais plutôt pour avoir une opportunité unique d’apporter une contribution majeure à la société.
Quand on regarde l’annuaire Audencia de 1978, on voit une répartition équilibrée entre les genres, mais les étudiants de couleurs faisaient exception à cette époque. Avez-vous souffert de préjugés ?
Le fait de quitter le cocon familial à 17 ans afin de rejoindre une classe préparatoire en métropole fut bouleversant. Mais heureusement, plusieurs de mes frères et sœurs plus âgés que moi étudiaient déjà la médecine et les sciences de l’information à Nantes. Il était rassurant de les savoir proches et j’ai de très bons souvenirs de nos retrouvailles tous les dimanches chez ma sœur. Par la suite, à Audencia, notre promotion ne comptait que deux étudiants qui ne venaient pas de métropole, un Malgache et moi. Le fait d’être bonne élève m’a probablement beaucoup aidée à m’intégrer plus facilement. La première année, j’étais première de promo. Je ne me suis jamais sentie discriminée. Au contraire, on me faisait sentir que j’étais la bienvenue et mes camarades m’invitaient régulièrement à venir passer le week-end dans leur famille, ce qui m’a aussi aidée à découvrir la Bretagne et les Pays de la Loire.
Parlez-nous de votre carrière avant d’entrer à la Banque mondiale
Ensuite, je suis retournée en France pour terminer mon diplôme d’expert-comptable et j’ai trouvé un travail à « La Villette », l’un des « grands travaux » du Président François Mitterrand fraîchement élu. J’étais chargée d’estimer les coûts d’exploitation de ce qui deviendrait la Cité des sciences et de l’industrie. J’étais entourée d’éminents scientifiques français dont l’esprit était davantage centré sur les idées les plus innovantes que sur les coûts ! J’ai rencontré des personnes influentes, pour certaines dans le cercle présidentiel, et c’est ce qui a déclenché le début de ma compréhension des processus décisionnels. En 1984, j’ai obtenu une bourse de la Fondation Rotary qui a financé mes études au sein du MBA de la Bowling Green University, en parallèle d’un rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour les Antilles.
Après la fin de mes études, on m’a proposé de contribuer à la création d’un institut de management au Burundi, car l’élite éduquée du pays avait été décimée par un génocide au début des années 1970. Le directeur du projet s’est retiré juste avant mon arrivée et on m’a demandé de diriger le projet. J’étais soudainement jetée dans le grand bain et tout en établissant l’institut de A à Z, le soir, j’enseignais la gestion et la comptabilité à des étudiants adultes issus des secteurs public et privé. Après cela, comme conseillère auprès du ministère des Entreprises publiques et de la privatisation au Burundi, puis au Togo, j’ai travaillé sur plusieurs affaires sensibles qui ont vraiment accru mon expertise et aiguisé ma compréhension des défis inhérents à la direction. À la fin de cette mission, j’avais aidé plusieurs pays à relever l’un des plus grands défis économiques auxquels ils étaient confrontés après l’indépendance, à savoir promouvoir la création d’un secteur privé intérieur. En 1993, j’ai envoyé une candidature à la Banque mondiale à Washington, pensant que j’y resterais un an environ, le temps de me constituer un réseau solide et 28 ans plus tard, j’y suis toujours. J’ai ainsi travaillé dans différentes unités de l’institution et dans différents pays d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique du Nord, d’Afrique centrale et maintenant en Afrique australe !
Vous avez été gestionnaire de tâches, gestionnaire de programme, gestionnaire principale de programme et maintenant, directrice régionale au sein de la Banque mondiale. Quels ont été les facteurs déterminant la progression de votre carrière ?
J’ai commencé à travailler comme chef d’équipe opérationnelle sur la privatisation d’un groupe diversifié d’entreprises publiques, dont les mandats allaient des secteurs de la production, par exemple des cimenteries, des acteurs de l’agro-industrie et des raffineries de pétrole, à des secteurs tertiaires comme des banques et des services de télécommunications. Forte de mon expérience antérieure, j’ai appris à avoir une vue d’ensemble et à voir les aspects stratégiques, tout en étant en mesure de comprendre les défis de mise en œuvre qui peuvent faire capoter un projet. En fait, cette aptitude à intégrer les éléments techniques est l’un des principaux enseignements de mes années à Audencia. La direction du projet très controversé d’oléoduc entre le Tchad et le Cameroun m’a permis d’apprécier l’importance de l’économie politique dans tout ce que nous entreprenons. Tout compte fait, ce qui m’a aidée à grandir, ce n’est pas un plan de carrière, mais la faculté de diriger mon parcours professionnel comme on construirait progressivement un puzzle, en intégrant des éléments, des compétences et des expériences qui ne semblent pas connectées à première vue. C’est une recommandation que je donne toujours aux jeunes.

Certains critiques accusent la Banque mondiale d’être enfermée dans une tour d’ivoire avec des personnels déconnectés de la réalité du terrain, ce qui génère de la bureaucratie au lieu d’alléger la pauvreté. Quel est votre point de vue ?
Cette impression a pu être justifiée à une période, dans une certaine mesure. Cependant, de 1995 à 2005, nous avons eu la chance d’avoir un président visionnaire, James Wolfensohn. Les initiatives porteuses de transformation qu’il a mises en œuvre lui ont valu d’être surnommé le « banquier de la renaissance ». Il avait compris l’importance de diversifier la main-d’œuvre, de recruter des talents locaux et de décentraliser le pouvoir décisionnel. Aujourd’hui, l’institution est beaucoup plus ouverte, attentive aux besoins de ses clients et prompte à réagir.
Quand je suis entrée à la Banque mondiale à l’âge de 35 ans, mon expérience précoce dans le domaine avait déjà façonné mon engagement en faveur du développement. Nos clients directs sont les gouvernements des pays respectifs que nous servons, même si je suis pleinement consciente de l’importance de l’implication de la société civile, car la population d’un pays est l’ultime bénéficiaire de notre travail.
Quand j’ai pris mes fonctions en Afrique du Sud, j’ai fait le serment de me rendre chaque mois dans un township et je trouve toujours ce rappel à la réalité particulièrement éclairant. Hier encore, je présidais une réunion sur la conception d’un projet pédagogique en Eswatini (l’ancien Swaziland), et j’ai insisté afin de faire participer les bénéficiaires, car en définitive, ce sont eux qui peuvent juger de l’efficacité d’un programme.
Avez-vous été confrontée à des défis supplémentaires du fait d’être une femme ?
Quand je suis entrée à la Banque mondiale, être une femme de couleur originaire de France n’était pas nécessairement un atout. La discrimination dont j’ai souffert était principalement insidieuse. Parfois, cela signifiait que je n’obtenais pas les postes auxquels j’aspirais, ce qu’on m’expliquait par de fausses raisons. Cela m’a simplement motivée à redoubler d’efforts, à m’efforcer de rester professionnelle et toujours digne, notamment pendant les passations difficiles. Et, comme quand j’étais une petite fille, je gardais mon regard rivé sur l’horizon. C’est un autre conseil que je donne aux jeunes : la résilience, le courage, les convictions finissent par payer à la longue.
Cela étant, je reconnais que l’institution a fait beaucoup de progrès. Le Président Wolfensohn s’est activement employé à ouvrir la Banque à une plus grande diversité de personnels, des femmes, des représentants des minorités, ce qui a permis d’apporter une dynamique nouvelle. Et comme de nombreuses autres organisations, elle a dû faire face à des défis liés au racisme. Au lendemain des manifestations après la mort de George Floyd, un groupe de travail a été établi afin d’analyser la façon dont les accusations de racisme étaient gérées en interne, et comment nous pourrions nous améliorer sur ce point.
Qu’est-ce qui apporte un sens et un but à votre vie au quotidien ?
Je n’imagine pas la vie sans m’investir dans des initiatives de responsabilité sociale. J’ai dirigé des initiatives sociales dans chacune de mes fonctions. En République démocratique du Congo, j’ai financé des projets pour aider les enfants à sortir de la rue et pour fournir une réinsertion professionnelle à des jeunes en situation de handicap. J’ai organisé des projets similaires au Nigéria, centrés sur les veuves de guerre. Au Maroc, j’ai dirigé un projet pour aider les migrants arrivant de l’Afrique subsaharienne. J’ai toujours été active à titre personnel également. J’ai créé une fondation qui vient en aide aux orphelins vivant avec le VIH et nous étions actifs dans quatre pays. Je parraine deux orphelins nigérians. En Afrique du Sud, pendant la pandémie de COVID-19, j’ai fait campagne pour lever des fonds afin de nourrir des centaines de migrants vulnérables qui ne bénéficiaient pas des filets de sécurité sociale du gouvernement à ce moment-là.
À mes yeux, rien n’est plus gratifiant que de donner les moyens à des personnes à fort potentiel qui se heurtent à des obstacles en raison de circonstances difficiles comme un conflit ou un manque d’opportunités économiques.

J’ai lu que vous étiez un bourreau de travail, vous le confirmez ?
Oui, je pense que c’est vrai ! Je me revois encore à mon bureau pour une énième soirée de travail au Siège de la Banque mondiale à Washington. Les veilleurs de nuit patrouillaient dans l’immense bâtiment et l’un d’eux s’est arrêté devant mon bureau pour m’informer : « Madame, je ne sais pas si vous le savez, mais vous êtes la seule employée dans le bâtiment ! » C’était la veille de Noël. Je partais le lendemain retrouver ma famille en Martinique et en femme consciencieuse que je suis, je voulais vérifier une dernière fois tous mes dossiers et régler les derniers détails avant de partir. J’étais si embarrassée que j’ai fait mes affaires et je suis rentrée chez moi illico !
Cette détermination remonte à mon enfance. Je suppose que c’est une quête infinie de l’excellence et en un sens, je ne peux pas m’en empêcher. Mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas d’autres centres d’intérêt ! Je sais quand je dois prendre un peu de repos et faire le point. J’adore être entourée de jeunes. J’aime le sport et je travaille actuellement sur un nouveau défi, passer du tennis au golf, qui sera plus doux pour mes genoux. J’essaie également de tirer pleinement parti de mes voyages à l’international pour améliorer ma compréhension d’autres cultures.
Selon vous, quelles stratégies Audencia devrait-elle adopter pour continuer de catalyser les changements positifs ?
Les perspectives internationales, qui caractérisent Audencia depuis plusieurs décennies, sont un atout fantastique qui doit être cultivé. Deuxièmement, j’aime le fait que l’École se soit ouverte au fil du temps. Je suis un pur produit du système éducatif public français. Mes parents ont mis un point d’honneur à trouver des moyens de m’offrir un accès à une éducation de qualité. L’École doit s’attacher davantage à recruter des étudiants d’origines sociales plus variées, car la diversité est un moteur d’innovation. C’est précisément pour cela que je contribue à la Fondation Audencia. Troisièmement, l’École doit continuer de viser l’excellence académique, car c’est la meilleure arme contre les préjugés.

Y a-t-il quelque chose que vous attendez particulièrement au cours de la semaine à venir ?
Oui, effectivement ! Ici en Afrique du Sud, un long week-end s’annonce pour la célébration de la Journée du Patrimoine. Je vais me rendre dans un centre de bien-être où je séjourne régulièrement quand j’ai besoin de prendre du temps pour moi. Il est situé dans une ferme, à une heure de Pretoria. J’irai marcher au crépuscule, puis de nouveau à l’aube, et entre les deux, je m’offrirai une séance d’hydrothérapie. J’y vais seule et je ne risque pas de croiser un collègue !
De nos jours, il est tentant de se laisser plomber par ce qui ressemble à une accumulation de crises insurmontables. Vous arrive-t-il de désespérer de l’avenir de l’humanité ?
Je suis une éternelle optimiste. Regardez le parcours de l’humanité : il a toujours été parsemé de crises, mais nous nous en sommes toujours relevés. Pour prendre l’exemple de la crise de la COVID-19, je suis convaincue que cela va entraîner des changements profondément positifs, à commencer par notre faculté à reconquérir une chose précieuse qui est de prendre du temps pour soi, et à être mieux préparés pour affronter des crises sanitaires mondiales de ce type. Quand on prend du recul pour analyser les tendances à long terme, on remarque que la civilisation a réalisé d’énormes progrès. Dans l’histoire récente, quand les pays africains ont obtenu leur indépendance, 20 % seulement des jeunes avaient accès à l’université. Aujourd’hui, de nombreux universitaires érudits occupent des postes clés partout dans le monde !
Cependant, une chose me préoccupe beaucoup, c’est la crise climatique. J’en vois directement les effets dévastateurs, avec des épisodes de sécheresse plus longs et plus fréquents, et des pluies diluviennes qui détruisent les cultures. Ce sera la grande question de notre époque dans les années à venir : comment pouvons-nous repenser l’équilibre sur Terre pour qu’il y ait suffisamment d’espace pour tout le monde, moins d’inégalités, et pour que la jeune génération s’épanouisse et garde espoir.
Pour terminer, la jeunesse me rend optimiste. Je le tiens de ma mère, dont la devise a toujours été : « Le seul secret pour rester jeune c’est de s’entourer de jeunes. » Je pense que la seule façon d’aller de l’avant est d’impliquer les jeunes dans les processus décisionnels. C’est pourquoi dans chacune de mes fonctions de directrice, j’ai établi un espace Jeunesse. Chaque fois que je rencontre des jeunes, je suis émerveillée par leur ingéniosité pour innover, ce qui confirme mon espoir d’un avenir meilleur, aussi différent soit-il.